Lavage du cerveau vs éducation par Erica Goldson

Lavage du cerveau vs l’éducation - www.potentiel-infini.be

C’est une histoire d'un jeune, mais sérieux étudiant en Zen, qui s’approchant de son professeur, il demanda au Maître, « Si je travaillais très dur et avec assiduité, combien de temps me faudrait-il pour trouver le Zen ? » Le Maître y réfléchit, puis répondit, « Dix ans… » L’étudiant dit ensuite, « Mais si je travaille très, très dur, et si je m’applique vraiment à apprendre vite — Combien de temps dans ce cas ? » Le Maître répondit, « Eh bien, vingt ans. » « Mais, si vraiment, vraiment j’y travaille, combien de temps dans ce cas ? » demanda l’étudiant. « Trente ans, » répondit le Maître. « Mais, je ne comprends pas, » dit l’étudiant déçu. « A chaque fois quand je dis que je travaillerais plus dur, vous dites que ça me prendra plus longtemps. Pourquoi dites-vous cela ? » Le Maître répondit, « Quand un œil regarde le but, un œil seulement regarde le chemin. »

Tel est le dilemme que j’ai rencontré dans le système d’éducation américain. Nous sommes tellement concentrés sur un objectif, si ce n’est pas de réussir un examen, c’est d’être diplômé en tant que premier de la classe. Cependant, de cette manière, nous n’apprenons pas réellement. Nous faisons tout ce qu’il faut pour atteindre notre objectif initial.

Certains d'entre vous pensent peut-être : « Eh bien, si tu réussis un examen, ou tu es meilleur en classe, n’apprends-tu pas quelque chose ? Eh bien, oui, tu as appris quelque chose, mais pas tout ce que tu aurais pu apprendre. Peut-être, tu as juste appris à mémoriser les noms, lieux et dates afin de les oublier par la suite…et ceci dans un seul but, c’est de libérer ton esprit pour le prochain examen. L’école n’est pas du tout ce qu’elle pourrait être. À l’heure actuelle, c’est un endroit où la plupart des gens déterminent que leur but est d’en sortir aussi vite que possible.

J’ai atteint maintenant ce but. Je suis diplômée. Je devrais considérer cela comme une expérience positive, surtout étant première de ma classe. Cependant, avec le recul, je ne peux dire que je suis plus intelligent que mes camarades. Je peux attester que je suis la meilleure uniquement à faire ce que on m’a dit de faire et de travailler dans ce système.

Pourtant, me voilà ici, je suis censé être fière d’avoir achevé cette période d'endoctrinement. Je partirai à l'automne pour passer à la phase suivante que l’on attend de moi, pour obtenir un papier qui certifie que je suis capable de travailler. Mais je le conteste parce que je suis un être humain, un penseur, un aventurier – pas un travailleur. Un travailleur c’est quelqu'un qui est pris au piège dans la répétition – un esclave du système mis en place devant ses yeux.

Mais aujourd’hui, j'ai démontré avec succès que j'étais le meilleur esclave. J'ai fait ce qu'on m'a dit jusqu’à l'extrême.

Pendant que les autres s’asseyaient en classe et gribouillaient pour devenir plus tard de grands artistes, je m’asseyais en classe pour prendre des notes et devenir une grande passeuse d’examens. Pendant que les autres venaient en classe sans avoir fait leurs devoirs car ils lisaient quelque chose qui les intéressait, je ne manquais jamais un travail. Pendant que les autres créaient de la musique et écrivaient des paroles, j’ai décidé d’avoir des points supplémentaires, même si je n’en avais jamais besoin. Alors, je me demande pourquoi j’ai voulu cette place ?

Bien sûr, je l’ai méritée, mais qu’est-ce qui en découlera ? Lorsque je quitterai l’institutionnalisme éducationnel, réussirai-je ? Ou serais-je perdue à jamais ?
Je n’ai aucune idée ce que je veux faire de ma vie. Je n’ai aucuns centres d’intérêts car je considérais mes études comme un travail. Mes excellents points est le résultat d’avoir traité les « bonnes notes » comme un objectif, et non pas comme le résultat de mes études. J’ai excellé dans chaque domaine dans le simple but d’exceller, pas d’apprendre.
 

Et franchement, aujourd’hui j’ai peur. John Taylor Gatto, le prof à la retraite et militant critique du système scolaire a dit : « Nous pouvons soutenir les meilleurs caractéristiques de la jeunesse : curiosité, aventure, l’endurance, perspicacité, la capacité d’avoir le regard surprenant en étant juste plus souple avec le temps, les textes et les examens obligatoires en transformant les enfants en adultes véritablement compétents, et en donnant à chaque élève l’autonomie qu’il ou elle a besoin de temps à autres. Mais nous ne le faisons pas. »

Dans les murs de l’école, nous sommes censés être tous les mêmes. Nous sommes forcés à être prêts et de réussir brillamment chaque examen standardisé, et ceux qui ne le sont pas, ou bien ceux qui voient la lumière d’un regard différent que la lorgnette conforme aux règles, sont traités comme des individus futiles et absolument insuffisants au système d’éducation public. Par la même, ils sont enterrés avec mépris.

HL Mencken a écrit dans « The American Mercury » en avril 1924 que « le but de l’éducation publique n’est pas d’apporter la connaissance aux jeunes et d’éveiller leur intelligence. Rien n’est plus proche de vérité. Le but est de réduire le plus grand nombre de gens, autant que possible, au même niveau bien sécurisé afin d’élever et former une masse des citoyens médiocres et ordinaire. Afin d’étouffer et réprimer la dissidence et l’originalité. Son but est aux Etats-Unis. Qu’elles que soient les prétentions des politiciens, pédagogues et autres saltimbanques du même genre, c’est son but partout ailleurs. »

Pour illustrer cette idée : ne te sens-tu pas, là, maintenant légèrement embarrassé et incertain quand nous parlons justement de cette pensée critique ? Existe-il vraiment quelque chose comme « pensée non critique » ?

Penser est le processus de traiter l’information dans le but de former une opinion. Mais si nous n’avons pas ce regard critique pendant le processus de traitement de ces informations, pensons-nous réellement ? Ou bien, nous acceptons stupidement l’opinion des autres comme vérité ? Cela m’est presque arrivé ! Et s’il n’y avait pas ma formidable prof d’anglais, avant-gardiste Donna Bryan, qui m'a permis d'ouvrir mon esprit et de me poser des questions avant d'accepter la doctrine des manuels scolaires, sans quoi j'aurais été condamnée. Grace à cela, aujourd’hui, je suis consciente, mais je sens que mon esprit est handicapé. Je dois me réorienter et me rappeler constamment combien ce monde, en apparence sain d’esprit, est fou.

Et maintenant me voici dans un monde guidé par la peur, un monde qui étouffe le caractère unique de chacun d'entre nous. Dans un monde où nous pouvons, soit, acquiescer cette absurdité inhumaine du corporatisme et matérialiste, soit, revendiquer le changement.

Nous sommes animés à la vie par un système éducatif qui nous définit clandestinement pour des emplois qui pourraient être automatisé, ou pour des travaux qui n’ont pas besoin d’être fait. Nous sommes programmés pour asservir, dressés à la vie sans ferveur aux réalisations remarquables. Nous sommes dépourvues de choix dans la vie lorsque l'argent est notre force de motivation. Notre force de motivation devrait être la passion, mais nous la perdons dès l'instant où nous rejoignons un système qui nous forme au lieu de nous inspirer.

Nous sommes bien plus que des bibliothèques robotisés, conditionnés à cracher des faits qui nous ont étaient inculqués à l'école. Pendant ce temps, nous sommes tous uniques, chaque être humain sur cette planète est un être exceptionnel. Ne méritons-nous donc pas  de quelque chose de mieux ? Ne serait-t-il pas mieux d'utiliser nos cerveaux à innover plutôt que simplement à mémoriser ? Ne devrions pas nous apprendre la créativité, plutôt qu’une activité sans réflexion, apprendre à méditer, plutôt qu’à stagner ? Nous ne sommes pas ici pour obtenir un diplôme, pour ensuite trouver un boulot, pour ainsi pouvoir consommer les assoupissements approuvés par l’industrie. Et il y en a bien plus.

Le plus triste est que la majorité des étudiants n’ont pas l'occasion de réfléchir comme moi, je l’avais. La majorité des élèves sont soumis aux mêmes techniques de lavage de cerveau afin de créer une main-d’œuvre complaisante travaillant dans l'intérêt des grandes entreprises et agences gouvernementales. Le pire encore est que la plupart ignorent complètement tout cela. Je ne pourrai jamais revenir 18 ans en arrière. Je ne peux pas m'enfuir dans un autre pays ayant le système éducatif destiné à éclairer plutôt que conditionner. Cette partie de ma vie est terminée. J’aimerai juste m’assurer qu’aucun autre enfant n’aurait son potentiel ôté par les forces visant à exploiter et contrôler. Nous sommes des êtres humains. Nous sommes des pensants, rêveurs, explorateurs, artistes, écrivains et ingénieurs. Nous sommes ce que nous voulons être – mais seulement si nous avons un système éducatif qui nous soutient plutôt que nous garde à terre. Un arbre peut pousser, mais uniquement si on offre à ses racines une base saine.

Pour ceux d'entre vous, là-bas, qui doivent continuer à vous asseoir derrière un banc et rendre des comptes aux idéologies autoritaires des formateurs, ne soyez pas découragé. Vous avez toujours le choix de vous lever, poser des questions, d’être critique et se faire votre propre opinion. Exigez un cadre qui vous offrira des capacités intellectuelles permettent d'élargir votre esprit au lieu de le diriger. Exigez d’être intéressés par le cours. Exigez que l'excuse : « il faut apprendre cela pour l’examen » n'est pas suffisante pour vous. L'éducation est un outil extraordinaire quand elle est utilisé correctement, mais en se concentrant d’avantage sur l'apprentissage plutôt que sur obtenir de bonnes notes.

Pour ceux d'entre vous qui travaillent au sein de ce système que je condamne, je n’ai aucune intention d’être insultante – j'ai l'intention de motiver. Vous avez le pouvoir de changer l’incompétence de ce système. Je sais que vous n'êtes pas devenus profs ou éducateurs pour voir vos élèves s'ennuyer. Vous ne pouvez pas accepter l'autorité des conseils d’administration qui vous disent quoi enseigner et comment enseigner, que vous serez punis si vous n’exécutez pas leurs exigences. Notre potentiel est en jeu.

Pour ceux d'entre vous qui quittent désormais cet établissement, je dis ne pas oublier ce qui s’est passé dans ces salles de classe. N’abandonnez pas ceux qui viennent après vous. Nous sommes le nouveau futur et nous ne voulons pas laisser cette tradition en place. Nous allons abattre les murs de la corruption pour faire pousser un jardin de la connaissance à travers l'Amérique. Une fois instruits correctement, nous aurons le pouvoir de faire tout, et surtout, nous n’utiliserons ce pouvoir que pour le bien, car nous serons cultivés et sages. Nous ne prendrons rien pour l’argent comptant. Nous poserons des questions, et nous exigerons la vérité….

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Je suis censé maintenant dire adieu à cette institution, à ceux qui la maintiennent et ceux qui sont avec moi et derrière moi, mais j'espère que cet adieu n’est plus qu’un « à bientôt » où nous travaillons tous ensemble afin de monter un mouvement pédagogique. Mais tout d’abord, recevons ces morceaux de papier qui nous disent que nous sommes assez intelligents pour le faire !

Le discours a été prononcé par Erica Goldson, la meilleure élève de sa promotion durant la cérémonie de remise des diplômes de Coxsackie Athens High School – Source:

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