Le culte du matérialisme

 

je possède et j'existe« Plus je possède, plus j’existe » – cette déclaration est devenue une vérité pour une terrible majorité de gens du monde entier. L’illusion de la possession les force brutalement à chercher leur estime de soi et leurs valeurs dans les objets matériels.

Il est possible de se libérer de cet attachement aux choses matérielles et trouver ce « Moi » quelque part ailleurs sans devenir l’esclave du matérialisme. Je peux affirmer qu’il s’agit d’une des étapes les plus importantes pour atteindre le bonheur.

« Moi » et « à moi »

Je t’invite à penser à toutes les choses matérielles que tu possèdes. Au téléphone que tu as tout le temps sur toi, à la voiture que tu conduis, à l’ordinateur ou la tablette que tu utilises en permanence ou toute autre chose qui se trouve en ta possession. Pendant un petit moment je t’invite à étreindre virtuellement, par ton esprit, toutes ces choses qui sont « à toi ». Que se passerait-il si, subitement, tu perdais tous ces objets ? Si tout disparaissait en un instant et que tu te retrouves sans rien… absolument rien. Comment cette absence des choses autour de toi affecterait-elle le sens de ce qui tu es ? Ferme donc les yeux et pendant un instant ressens cet état d’être à l’intérieur de toi.

Dans la plupart des cas, une telle expérience aurait un impact crucial sur l’état de notre «Moi». Cet état d’être aurait été radicalement déséquilibré, dangereusement compromis. La raison de ce déséquilibre est la croyance en l’illusion de la possession, que les gens identifient à l’estime de soi. Dit autrement, leur estime de soi dépend de ce qu’ils possèdent. C’est ma maison, c’est mon téléphone, c’est ma montre, c’est ma voiture, c’est mon jouet, ce sont mes vêtements.

Nous achetons alors de plus en plus, en ayant cette croyance – bien ancrée ! – qu’en nous entourant de plus en plus d’objets nous deviendrons meilleurs. Cela te semble familier ? Cependant, en achetant de nouvelles choses tu risques de ne te sentir quelqu’un de mieux que pendant peu de temps. Après quelques jours tu auras envie à nouveau d’avoir une plus belle voiture, une maison plus grande, une TV plus récente, une nouvelle paire de chaussures, car tout ce que tu as, ne te suffira plus pour te sentir bien et en confiance. Tu tenterais de soutenir ton estime de toi par des choses qui en réalité n’ont rien à voir là-dedans.

Les conséquences de cette illusion de la possession sont telles que les gens s’identifient aux choses matérielles. Cette identification est basée sur la position du signe égal entre le sens du mot MOI et un objet donné.

J’ai rencontré une personne qui s’est identifiée à « son » auto. Quelqu’un avait fait une grosse rayure sur sa voiture rutilante, et j’ai vu comment le propriétaire pouvait en souffrir. Il a ressenti de la tristesse et de la colère, c’était une personne lésée. Son égo a hurlé « Comment quelqu’un peut ME faire cela ?! ».

Plus les dommages causés à l’auto sont importants, plus la souffrance d’un homme peut s’avérer insupportable.

S’il n’y avait pas cette identification « MOI = mon auto », la voiture aurait été juste un véhicule permettant simplement de se déplacer d’un point A vers un point B. Quand l’illusion de la possession disparaît, la souffrance disparaît également ainsi que le sentiment de supériorité ou d’infériorité. Ce qui est intéressant c’est que l’équilibre et l’estime de soi se trouvent ailleurs : en toi !

Habeo, ergo sum ! (Je possède, donc je suis)

Le principe du fonctionnement de notre égo est très simple : je possède donc je suis. Plus je possède, plus j’existe. De cette manière l’ego construit notre identité. En désirant survivre, il crée un sentiment de sécurité artificielle en s’appuyant sur la dépendance matérielle. N’ayant jamais assez, il hurle : encore plus, encore et encore ! Il est étonnant de constater de quelle manière le monde extérieur peut influencer notre monde intérieur. Mais céder à cette dépendance, c’est comme tenter de remplir un puits sans fond avec du sable.

Ce qui est intéressant, c’est que plus durable est l’objet, plus le sentiment de mon « MOI » est fort. Mais comment ? De quelle façon les objets peuvent-ils définir qui tu es ? Tu n’as pas besoin « d’avoir » toutes sorte de choses, d’objets, parce que TOUT ce dont tu as réellement besoin, tu l’as déjà en toi.

Eckhart Tolle*, un coach spirituel (pour écrire cet article, je me suis inspirée de son livre «Nouvelle Terre ») a décrit la situation dans laquelle il parle avec une femme qui a perdu une bague d’une grande importance et de très grande valeur pour elle. Elle en a souffert pendant de nombreux mois. Quand elle a rencontré Eckhart sur son chemin, il lui a posé cette question : « Est-ce que cette perte a diminué ce que tu es ? ». Quand elle recommença à parler, il y avait un sourire et un soulagement visible sur son visage. Elle a compris qu’aucune perte matérielle ne peut prendre ce qu’elle était vraiment.

Ainsi, lorsque qu’un jour tu égareras un objet, ou que quelque chose que tu utilises tombera en panne, pose-toi cette question: « est-ce que cette perte a diminué qui je suis ? ». Regarde à ce moment au plus profond de toi-même, et tu comprendras que ta vraie nature, ton vrai MOI est intact, à sa place.

Ton « MOI » qui demeure en toi

Toutes ces choses matérielles sont bien sûr importantes dans notre vie et, à aucun moment je ne réfute leur pertinence, leur intérêt, ni leur valeur. Je crois profondément qu’elles sont là, à notre service, pour que nous puissions en profiter, les utiliser, voire y trouver une certaine fascination. Mais elles ne sont pas NOUS. Ce ne sont que des objets que nous utilisons. L’égalité MOI = l’objet n’existe que dans notre mental et rend les gens plus souffrants. Ce n’est qu’en nous libérant de cette pensée que nous serons réellement en mesure d’apprécier le monde matériel sans nous y identifier.

Il y a cependant un petit hic. Se libérer de l’illusion du matérialisme risque d’affecter notre ego. Nous savons que la structure matérielle de l’égo est artificielle et faible. Il y aura, malgré tout, ceux et celles qui se poseront toujours la question « Comment faire pour nourrir l’estime de soi ?».

Je répète donc : en regardant en notre être intérieur. Il est possible que cela ne vienne pas immédiatement… Peut-être que pendant un moment, tu devras chercher et tu te sentiras un peu perdu. Mais sois certain que tu le trouveras tôt ou tard. Et ce sera un véritable état d’être de ton MOI qui coulera du plus profond de ton âme et non du fait de posséder un tas de choses. Ce sentiment sera indépendant des objets « fragiles » et sera donc immuable et solide. Je souhaite que ça devienne notre but à tous car il nous offre l’indépendance et la liberté du corps et de l’esprit.

S’éloigner de la dépendance du matérialisme ne sera sans doute pas facile, et ça n’arrivera pas tout seul. Il nous est nécessaire d’observer note égo et sa relation avec les choses matérielles. Toutefois, le simple fait d’en prendre conscience est déjà un grand pas vers l’avant. Cela signifie que cette prise de conscience a déjà provoqué une vague de changements. Il ne nous reste qu’à nous laisser porter par cette vague. Nous pouvons le faire de multiples façons : en observant nos émotions quand nous achetons quelque chose d’une certaine valeur et en se posant les bonnes questions.

Il est important de nous libérer des ruses de notre égo et de retrouver notre état naturel de conscience. Lorsque l’illusion du profit disparaît, l’illusion de perte disparait instantanément. Et ce n’est qu’à ce moment-là que nous sommes réellement en état de pouvoir nous réjouir de tous ces objets qui sont à notre service.

Le plus grand paradoxe est que c’est sur leur lit de mort que les gens se rendent compte que tout ce qui est matériel n’a finalement pas la moindre importance dans la vie. Dans l’au-delà, notre laptop ne nous sera vraiment pas aussi important qu’au cours de notre vie ! 🙂 Ce n’est donc malheureusement qu’à ce moment-là que la plupart des gens s’autorisent le confort du détachement du culte du matérialisme. La question est, veux-tu vraiment attendre aussi longtemps pour en prendre conscience ?

Pour résumer ce qui précède, nous pouvons dès maintenant commencer notre petite transformation intérieure en nous posant de simples questions, par exemple :

– Est-ce que l’acquisition de tel ou tel objet fait que je me sente mieux ?
– Est-ce que je me sens quelqu’un de plus important ?
– Et sans cet objet, comment me sentirais-je ?
– Je t’invite à t’observer et observer ton attachement à tout ce qui est matériel.
– Je t’invite à observer tes émotions qui sont en lien à tout ce qui est matériel.

De tout cela découle une incroyable liberté de toute souffrance et l’absence du désir de possession. Nous pouvons être heureux inconditionnellement, peu importe que nous ayons beaucoup ou peu d’argent, que nous ayons une voiture de sport ou une vieille voiture, que nous ayons une piscine dans le jardin, ou que nous n’ayons pas de jardin du tout.

La vérité est que nous n’avons pas besoin d’avoir beaucoup pour être heureux et être plus conscient de nous-mêmes. Nous avons juste besoin de suivre un cheminement et nous autoriser de petits changements chaque jour.

Les choses les plus importantes ne sont justement pas des choses, et nous le valons bien 🙂 !

*Eckhart Tolle

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3 réponses à Le culte du matérialisme

  1. michel dit :

    je t’invite a aller encore plus loin et a quitter l’identification a je suis une personne c’est juste une pensée qui te dis que je suis quelqu’un dans un univers …….sans cette pensée qui émerge de ce que tu es rien n’existe bises

  2. Et si, pour un instant, je cesse de croire toutes mes pensées, je laisse tomber toutes les croyances qui servent d’assise à ce qu’on nomme « l’identité », que je laisse tomber le « moi » qui n’est qu’une construction mentale, ainsi que toute mon histoire et les choses auxquelles mon égo s’identifie, que suis-je en fait ? Ce qui me semble être, c’est une conscience qui observe et qui n’a plus de forme définie. Elle est en lien avec le corps, mais ne se limite pas à celui-ci. C’est un étrange sentiment de sentir que mon Être semble émerger de l’absolu… De sentir que je suis ce qui observe et ce qui est observé. La conscience consciente d’elle-même. 🙂

  3. Potentiel Infini dit :

    Merci Michel, merci Sylvain.
    A ce moment-là, c’est juste le JE SUIS qui existe, ni moi, ni l’autre, pas de séparation. LE UN, la Vie tout simplement, l’inspire et l’expire…
    Il s’agit ici, dans l’article, de présenter le côté matrice et mes observations, commencer sans brûler les étapes, sans que le mental risque entrer en résistance quand il est hautement habitué à ne vivre que les expériences de la matrice.

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